Le énième projet de remontée Bozel-Courchevel aboutira t il?
Le projet 2024 de remontée Bozel-Courchevel a de grandes chances de se réaliser grâce à la probable désignation de la France pour organiser les JO d'hiver 2030 ? Le 10 Janvier dernier, les délégués du CIO sont venus à Bozel et ont visité aux Moulins les emplacements possibles pour réaliser un village olympique et une remontée Bozel-Courchevel. Le CIO aurait paru très satisfait de ce choix. Il a été évoqué le prolongement de la télécabine au delà de Courchevel Village (ex 1550) comme prévu dans le projet actuel, jusqu'à Courchevel 1850, voire jusqu'au sommet du Jardin Alpin, grâce à des financements JO.
Mais en cas d'absence d'accord sur le choix du trajet à partir de Bozel, va t il avoir le même destin que le projet abandonné de 1988? Avec le risque évoqué par certains que l'ensemble des épreuves de ski alpin soit transféré à Val d'Isère, le village olympique étant alors situé à Bourg Saint Maurice?
Maryse a retrouvé dans ses archives le bulletin municipal de Bozel de Décembre 1988 où le maire de l'époque, André Germi, évoquait les difficultés rencontrées pour réaliser le projet pratiquement finalisé de remontée entre Bozel et Courchevel. En 1988, c'est à cause des JO de 92 et du choix de Brides comme village olympique que le projet Bozel Courchevel fut abandonné.
J'ai trouvé intéressant de publier les 2 premières pages de ce bulletin municipal. Tout d'abord, ces deux pages en jpeg, peu lisibles ,puis ensuite l'intégralité en version lisible pdf.
BULLETIN MUNICIPAL D'INFORMATION Décembre 88 - N° 8
VOUS AVEZ DIT TÉLÉPORTÉ ?
Voilà plusieurs années que nous œuvrons, en accord avec SAINT-BON, pour faire aboutir le projet de liaison téléportée entre BOZEL et le domaine skiable des Trois Vallées, premier maillon de la liaison Inter-massifs.
Nous n'avons jamais, sur ce dossier, ménagé ni notre temps, ni notre peine, malgré les difficultés rencontrées pour nous faire entendre.
A ce jour, une convention pour la concession de construction d'un téléporté entre BOZEL et COURCHEVEL a été signée le 29 avril 1988 entre le département de la Savoie, représenté par son Président Michel Barnier, et les communes de BOZEL et SAINT-BON, représentées par leurs maires, après délibérations concordantes des trois assemblées.
Cette convention précise les engagements de chaque partie, et notamment stipule que le département, constructeur du Téléporté Bozel-Courchevel demande, pour des raisons d'équilibre prévisionnel, que la construction d'un appareil de liaison avec La Plagne soit réalisée simultanément. Elle doit être complétée par une concession d'exploitation, à établir dans un délai de six mois.
Il faut savoir que les études d'amortissement de l'appareil Bozel-Courchevel font ressortir un déficit probable annuel dans le cas de fonctionnement de cette seule liaison, et un équilibre financier possible dans le cas de l'existence de la liaison inter-massifs avec La Plagne.
Les Conseillers généraux ont donc souhaité, à terme, voir s'établir la liaison inter-massifs, qui présente, en plus de son intérêt d'équilibre financier, un nouvel attrait promotionnel pour la clientèle de nos stations de Tarentaise.
Or, la programmation des investissements dans le temps, les études complémentaires et le nécessaire étalement des programmes immobiliers associés concourrent à montrer l'extrême difficulté de réaliser les liaisons en direction des Trois Vallées et de La Plagne simultanément. (Notons toutefois que des négociations sérieuses sont en cours avec le Syndicat Intercommunal de La Grande Plagne et la Société d'Aménagement de La Plagne dans cette perspective.)
Par ailleurs, le dossier de candidature aux J.O. de 92 envisage l'accès au domaine skiable depuis le fond de vallée à partir de la remontée concurrente de Brides, ce qui remet en cause les prévisions d'exploitation d'appareils situés à Bozel.
Dernier élément, le déficit prévisionnel annuel d'exploitation de la remontée de Brides serait, d'après nos informations, très important, sans qu'une possibilité d'équilibre puisse être envisagée à terme.
Voilà donc le problème posé.
Il est évident qu'un aménagement bien compris suppose aussi la rentabilité des investissements consentis par la collectivité, au sens large du terme. Et en ce sens, nous nous trouvons tout à fait solidaires des actions entreprises dans le canton et au-delà pour conforter le développement économique de notre région.
En termes d'économie est-il raisonnable d'envisager deux investissements, à Bozel et à Brides, destinés tous les deux à desservir le domaine skiable des Trois Vallées ??
Le projet de Bozel, élaboré en plein accord avec la commune de Saint-Bon, est notoirement connu. L'objectit principal est de mettre en place à terme la liaison inter-massifs, qui sera un élément déterminant du choix de la clientèle sollicitée par Les Portes Du Soleil ou Dolomites Super-Ski pour ne citer que nos concurrents les plus directs.
Pour la liaison BOZEL-COURCHEVEL, rappelons quelques éléments importants: le temps de transport est court, de l'ordre de 15 minutes, les possibilités de retour à ski sont évidentes, la liaison avec LA PLAGNE peut se faire dans un premier temps par CHAMPAGNY (Téléporté performant à 4 km), les parkings existent avec des extensions de capacité faciles.
En regard, d'après nos informations, le Téléporté projeté à BRIDES présente un temps de transport long, de l'ordre de 25 minutes, presque équivalent à la durée de l'accès routier, il impose une descente par l'engin, n'offre pas d'autre débouché d'avenir, ne possède pas de parkings de proximité. Quant à son utilisation par les athlètes hébergés au Village Olympique, elle apparaît déjà à beaucoup comme plus qu'aléatoire... De plus, le COJO ne fait pas obligation à la commune de Brides de construire un appareil de liaison : le village olympique lui suffit.
Les arguments ne se limitent sans doute pas à cette rapide énumération, dans l'un et l'autre cas. Notre propos n'est pas ici de trancher, mais d'amener chacun à s'interroger, sans esprit de clocher, avec le plus d'objectivité et de lucidité possible, sur l'opportunité de ces investissements et leur impact futur, dans le cadre de l'après-Jeux, sur l'économie locale.
La solution de sagesse, dans un aménagement cohérent, consisterait sans doute à mettre à plat les avantages et les inconvénients des deux projets sans perdre de vue que des réalisations de cette taille exigent pour le moins une ouverture vers l'avenir.
Pour notre part, nous sommes entièrement disposés à cette confrontation objective.
Nous adhérerons sans arrière pensée à la solution réfléchie, présentant le meilleur profil pour le développement de l'économie locale au sens large, qui pourrait être élaborée en concertation entre les divers intervenants : Communes,Département, COJO, Services d'aménagement...
Le temps d'un choix, devrait-il être douloureux, est sans doute venu pour les décideurs locaux et départementaux.
Mais en l'absence de cette indispensable concertation, nous continuons, pour notre part, à promouvoir résolument notre projet.
Le maire, André Germi.
On notera dans cet article qu'à l'époque, en 1988, il y a 36 ans, on ne mettait pas en avant ,en faveur d'un projet de liaison vallée -station, les arguments écologiques de nécessité de diminution de l'empreinte carbone liée aux déplacements en voiture. A Courchevel, on pouvait garer sa voiture facilement, souvent très près d'un accès aux pistes. Les temps ont changé !
En complément, un précédent article de mon blog relatant les différents projets de remontée Bozel-Courchevel envisagés, depuis....1947, mais aussi un projet de 1936 de remontée St Bon-Bozel ( du temps ou le sommet de l'Ariondaz faisait encore partie de la commune de BOZEL)
Jean KERRIEN
Merci à Maryse qui m'a transmis le bulletin municipal de 1988