Conte de Noël
Depuis fort longtemps, la neige n’avait été si abondante à la veille de Noel !
Et puis, l’anticyclone nous offrait des journées radieuses propices à la balade…
Ce jour-là, un peu tardive, sa direction était toute trouvée, pour profiter à plein de l’ensoleillement : ce serait Notre Dame des neiges, et, qui sait la montée vers « Vlom » ou, gamin je m’accrochais à la queue du mulet (tant la pente est rude) quand nous faisions les foins avec l’oncle Louis.
Cette semaine de beau temps à déjà bien entamé la couche, à l’adret, sauf sur les replats et dans les chemins creux … et là, les raquettes s’imposent !
Peu-après « Vlom » le bas, une trace oblique en un raccourci vers mon objectif favori. La température sous zéro de tous ces jours maintient une neige poudreuse mais « croutée » par endroits et je m’aperçois maintenant que mon bâton gauche s’enfonce anormalement …
Sa rondelle, qui assure l’appui en surface n’est plus là !
Mais depuis quand ?
Redescendre ? inspecter mes traces ?
C’est ce que j’avais fait une semaine plus tôt, mais je m’en étais aperçu immédiatement après avoir dû « arracher » mon bâton.
La pente est rude … la recherche aléatoire … alors je renonce.
Mais j’expérimente l’inconfort de la situation.
Le but est proche … alors …
C’est un endroit que j’affectionne pour y retrouver de vielles connaissances (elles étaient trois, maintenant quatre) insensibles aux rigueurs de l’hiver …
Le retour se fera par « Vlom » le Haut, pour profiter des derniers rayons de soleil, avant sa bascule derrière Méribel, effectuant ainsi une boucle à la vue gratifiante.
Je rejoins bientôt mon itinéraire de montée et dévale la pente dans mes traces quand, tout à coup, comme après un coup de baguette magique ou par un tour de prestidigitateur, ou bien encore par l’effet d’un miracle (Notre Dame des Neiges ?), je constate, sidéré, QUE MES DEUX BÂTONS ONT LEUR RONDELLE !
Interloqué, je m’arrête, considère la situation, me retourne : il y a dix à quinze mètres qui me séparent de ma bifurcation de montée…
Est-ce seulement POSSIBLE que j’ai planté mon bâton EXACTEMENT dans la rondelle restée fichée dans la neige ???
Et pourtant, il n’y a pas d’autres explications !
Alors là !!!
Immédiatement, cela déclenche en moi une avalanche de faits à consigner là, tout de suite, en vue d’instruire UN CALCUL DE PROBABILITÉ (que je suis bien incapable de conduire, aussi, si quelque « matheux » veut bien s’y coller !), SEULE RÉPONSE À CONNOTATION RATIONNELLE :
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Sachant qu’en une demi-heure, je plante mes bâtons à une moyenne de 900 fois en montée,
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Sachant que j’ai re-parcouru en descente ma trace de montée sur 10 à 15 mètres,
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Sachant que mes empreintes de raquettes en descente variaient de 15 cm (avant OU après) avec celles de montée
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Sachant que mon « planté » de bâton intervint en moyenne tous les 70 cm (selon le terrain), avec un « battement » latéral assez régulier d’environ 10 cm d’amplitude,
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Sachant que le diamètre de la « pointe » du bâton mesure 1 cm et sa rondelle 9 cm, et que c’est FORCÉMENT DANS LE MILLE qu’il a fallu qu’elle se fiche pour se « clipser » et remonter à la surface !
Calculs possibles ?
Calculs gratuits pour « parer » un miracle en habits scientifiques… Casse-tête Savoyard en tous cas ….
Sur le retour, en arrivant au Villard de la ROCHE, une autre scène m’attendait : un étranger s’acharnant à libérer son véhicule d’un mur de neige gelée avec un simple bâton. Je n’ai pas toujours de pelle dans mon coffre … mais là, c’était le cas !
Faits vécus le 23 Décembre 2021.
Relatés et mis en forme le 24
Par Bernard FRAISSARD