Quel air respirons nous à Bozel?
Cet hiver les médias ont parlé à plusieurs reprises de pics de pollution aux particules fines dans les vallées alpines. Un récent reportage de FR3 Alpes a indiqué que, en hiver à Grenoble, c'est la pollution aux particules fines qui est la plus problématique. Elle est due à l'industrie (23%), mais également aux transports (26 %) et au chauffage bois des particuliers (43%).. http://www.chauffagebois.lametro.fr/#/question-1 Mais en période de froid intense, la part du chauffage monte jusqu'a 75%!
La vallée de l'Arve et Chamonix subissent aussi une pollution importante , en particulier avec le transit de camions à travers le tunnel du Mont Blanc.
Cette pollution est plus importante lors des phénomènes météo d'inversion des températures : il fait plus froid en fond de vallée qu'en altitude et l'air froid chargé de particules fines stagne en fond de vallée.
Dans les vallées à l'écart des grands axes de circulation et des concentrations urbaines , la pollution devrait être moindre. Du moins en théorie, car ce n'est pas toujours le cas.
Une étude « Particul'air » a révélé une importante pollution aux particules fines à Lescheraines dans les Bauges, le taux étant certains jours dix fois supérieur à la norme admissible.
A Lescheraines, la biomasse représenterait 88 % des émissions de poussières totales, 80 % des émissions de PM10 et 82 % des émissions de PM2,5. "La caractérisation chimique des particules sur Lescheraines indique en l'état que la combustion du bois est la principale source des émissions mais n'a pas permis de définir la part de responsabilité entre le secteur industriel et domestique (notamment le chauffage au bois et le brûlage de déchets par l'artisanat et les populations locales)", indique l'étude, qui poursuit : "Ce cas de Lescheraines met en exergue la nécessité de mieux connaître la situation des petits émetteurs industriels, nombreux et disséminés sur le territoire, vis‐à‐vis du contexte réglementaire des émissions ou en vue d'une action des pouvoirs publiques plus ciblée".
Le chauffage au bois n'est il donc pas si écologique que cela ?
L'ADEME s'est penchée sur ce problème : les feux en plein air , le chauffage par des cheminées à foyer ouvert ou dans des inserts d'ancienne génération sont une source importante de pollution aux particules fines.
L’ADEME a publié des guides « Un air sain chez soi » et « La qualité de l’air et le chauffage au bois »
Extraits :La combustion du bois produit des polluants dans l’air extérieur : principalement des particules fines, des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des composés organiques volatils (COV).
Ces produits engendrent des problèmes de santé publique. Pour y remédier, il faut éviter le brûlage des déchets verts ou l’écobuage et changer son foyer ouvert ou sa cheminée. Si vous avez un appareil de chauffage domestique au bois, il faut à la fois utiliser un combustible approprié et des équipements performants et bien entretenus.
Les caractéristiques du combustible et la façon dont il est utilisé dans l’appareil de chauffage influent beaucoup sur la pollution de l’air extérieur. Certains facteurs augmentent sensiblement cette pollution :
l’humidité (plus le bois est humide, plus il émet de particules),la taille des bûches (des petites bûches émettent moins que des grosses), un combustible de mauvaise qualité ou mal adapté à l’appareil où il brûle (en nature ou en quantité). L’utilisation d’un combustible souillé est la cause la plus importante de pollution,
La combustion de bois de mauvaise qualité libère des substances toxiques (dioxine...).
C’est le cas des bois « souillés » issus de récupération (chantiers de démolition, vieux meubles, bois échoués en bord de mer, etc.) qui contiennent des produits toxiques et / ou corrosifs : produits de traitements, vernis, peinture...
Il ne faut jamais brûler de déchets dans une cheminée ou un poêle, ni même dans son jardin..
Vous pouvez considérablement réduire la fumée et éviter l’émission de particules fines en utilisant la technique de l’allumage inversé : empiler dans le foyer, sans le surcharger, des bûches d’une taille adaptée à l’appareil, celles de plus petit diamètre en haut, placer des petits morceaux de résineux sec et un cube d’allumage (pas à base de produits pétroliers) sur le dessus, vérifier le tirage et les registres d’admission d’air,
allumer le cube, fermer la porte, baisser les apports d’air au bout de 10 minutes au moins.
Les inserts et poêles récents, c'est à dire depuis 2002 , labellisés « flamme verte 5*» sont plus performants (consommation de 30 % en moins),et bien moins polluants.
Une étude de l'Ineris et de l'université de Savoie en 2008 a aussi analysé l'air intérieur des maisons chauffées au bois. (http://www.ineris.fr/centredoc/DRC-08-70801-15219A2.pdf)
Une influence du chauffage au bois a été observée s’agissant des concentrations intérieures en dioxyde d’azote, monoxyde de carbone, particules, benzène et HAP. Mineure pour le NO2 et leCO, elle peut être qualifiée de notable pour les particules et de majeure pour le benzène et les HAP.
Et à Bozel , qu'en est il ?
Plusieurs Bozelains m'ont fait part de leur inquiétude sur les risques dus à ces fumées stagnant sur Bozel.
Certains matins, en ouvrant mes volets, voici ce que je constate :
Video en plein écran: lancer la video puis clic en bas à droite
La journée, j'aére ma maison, comme cela est préconisé par l'ADEME, mais certains jours , je ne sais pas si j'ai raison: l'odeur de fumée est nettement perceptible au dehors et je referme vite mes fenêtres.
Comme beaucoup de Bozelains , je me chauffe , partiellement, au bois.
Pour essayer de moins polluer, j'ai changé il y a deux ans mon vieil insert datant de 1979 (avec un rendement de chauffage bien meilleur). J'utilise aussi la technique de l'allumage inversé. Est ce suffisant pour minimiser ma part de pollution sur Bozel?
Ne serait il pas possible de demander une campagne d'analyse de Particules fines et autres polluants à Bozel l'hiver prochain ? Afin de savoir à quoi s’en tenir sur ce sujet important pour notre santé.
Jean Kerrien